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2 mai 2015 6 02 /05 /mai /2015 11:53
Nuremberg 4 : Dix fois la trappe s'ouvrit

 

La prison de Nuremberg joue de malheur.

 

Les commentaires allaient leur train. Où se lamenter sur la mort prématurée du bras droit de Hitler, le temps passait.

 

 

A une heure du matin, un officier de sécurité nous conduisit par le même couloir que nous venions d’emprunter deux heures avant, sur les lieux où les criminels nazis allaient être exécutés.

 

 

Des M.P., coiffés du casque d’airain de cérémonies et gantés de blanc, formaient la haie : dans quelques instants, les condamnés à mort allaient fouler ces mêmes cailloux qui crissaient sous nos pieds.

 

 

Le lieu de la pendaison, une salle de gymnastique éclairée par douze grosses ampoules, 33 pas de long, 18 de large. Tel est l’espace contenant les trois potences, les deux bourreaux, la trentaine de témoins -tout à l’heure- les dix cadavres.

 

 

Les murs blancs, les fenêtres bouchées par du papier noir, des tables pour les journalistes, des chaises, tout cela eut été terriblement banal s’il n’y avait pas eu les trois échafauds noirs, silhouettes tracées avec des poutres, des voiles et des cordes. Deux des potences seulement ont servi ; la troisième était en réserve.

 

 

Un agencement « modèle »

 

 

Cet agencement fut sans doute le chef-d’œuvre de l’organisation américaine. Songez que deux personnes seulement en connaissaient l’existence douze heures avant le verdict ; une centaine environ ont connu l’emplacement à l’heure même du châtiment. Les trois furent montées en 48 heures par des spécialistes venus de loin. Donc, dans cette salle que l’on aurait pu utiliser, en d’autres temps, pour une distribution de prix aux élèves d’un collège, dix des grands criminels nazis allaient mourir à quatre pas de nous.

 

 

A notre droite, se trouvaient déjà, lorsque nous sommes entrés les quatre généraux, l’américain, l’anglais, le russe et le français, leurs interprètes, les médecins et les officiers du service de sécurité.

 

 

Au pied des potences

 

 

Au pied des marches qui mène aux potences, l’aumônier de la prison, un franciscain dont le visage pur de saint se crispera tout à l’heure, le pasteur et des soldats de garde.

 

 

En haut, les deux bourreaux en tenue de soldats américains, s’affairent autour.

 

 

Près de la porte, encore des gardes, commandés par un officier. En tout une quarantaine de témoins auxquels se sont joints deux allemands : le président du Gouvernement bavarois et ministre de la justice William Hoegner, et le procureur général au tribunal de Nuremberg, le docteur Leistner.

 

 

Nous prenons place face aux potences et le film de tragique commence à se dérouler.

 

 

A 1h10, un léger glissement. Le bruit d’une porte qui s’ouvre. Elle s’ouvre, cette porte, si naturellement que je m’attends avoir paraître un retardataire. Or, c’est Ribbentrop qui, le premier ouvre le défilé macabre. On défait ses menottes et on lui lie aussitôt les mains avec la cordelette noire qui nous intriguait tout à l’heure. Yeux clos, le visage émacié, c’est déjà un cadavre qui s’avance d’un pas d’automate. De sa poche, dépasse des enveloppes que je regarde fixement et une idée me torture dans ce silence crispant : que peut-il bien avoir voulu emporter avec lui dans la tombe ?

Mais déjà l’officier de garde, selon le rite, lui demande de décliner son nom : « Joachim von Ribbentrop », répondit-il, et il s’écrit en montant les 13 marches, soutenu par deux soldats « que Dieu sauve l’Allemagne ! »

 

 

Un bruit sourd

 

 

Le voici sur la plate-forme, sur la trappe qui va s’ouvrir dans quelques instants :

« Puis-je ajouter encore quelque chose ? » interroge-t-il.

« Yes » - « Mon dernier vœux, c’est que se réalise l’unité de l’Allemagne et l’union entre l’Est et l’Ouest de l’Europe et que la paix règne sur le Monde. ».

 

 

Le bourreau lui passe le capuchon noir sur la tête, lui glisse le nœud autour du cou, tire le levier et, avec un bruit sourd — un bruit qui bourdonne encore à mes oreilles à l'heure où j'écris ces lignes — le corps de l’ex-ministre des Affaires Etrangères du Reich tombe dans le vide, derrière un voile qui nous cache ses derniers soubresauts. II est 1 h 15, toute la procédure et l'exécution n'ont duré que trois minutes et demie. De longues, de très longues minutes.

 

 

Voici Keitel

 

 

La corde oscille encore et déjà Keitel calme et résolu apparaît dans l'encadrement de la porte. Lui, il a le regard fixé sur la corde qui l'attend sur l'autre potence.

 

« Avez-vous quelque chose à dire, avant votre mort ?»

 

« J'appelle la protection de Dieu sur le peuple allemand. Plus de deux millions de soldats sont morts avant moi pour leur patrie. Je rejoins maintenant mes fils. Tout pour l'Allemagne ! »

Avant de mourir, il se penche vers le prêtre : « Je vous remercie, mon Père ».

 

Keitel est mort courageusement.

 

 

Maintenant, ce sont les deux cordes qui ont contracté ce mouvement de balancier, les médecins sont appelés à constater le décès. A 1 h 35, on emporte, sur les civières, les deux corps qui sont provisoirement déposés derrière un rideau, à l'autre bout de la salle. Le bourreau, d’un coup sec, coupe les cordes, en accroche de nouvelles.

 

 

Je m'excuse de ces détails macabres, nous étions là pour cela.

 

 

Pendant le va-et-vient des civières, nous respirons nerveusement une bouffée de cigarette; nos nerfs ont besoin d'une détente.

 

 

Le tortionnaire des camps

 

 

Mais, de nouveau, la porte s'ouvre. Nous nous dressons et voici le tortionnaire Kaltennbrunner.

 

 

Il est blanc. Non, verdâtre. Les balafres d'étudiant de son visage sont autant de traînées sanguinolentes. Pourtant, sa face est ferme quand il déclare :

« J'ai aimé mon peuple et mon pays. J'ai fait mon devoir vis-à-vis de ma patrie, dans les heures difficiles. Je n'ai pas participé aux crimes que l'on me reproche ».

 

 

Le Père franciscain dit la prière des mourants. Il est 1 h 39. Les martyrs des camps de concentration sont vengés.

 

 

La voix blanche de Rosenberg

 

 

Rosenberg, pâle, mais impassible, décline son nom d'une voix blanche.

 

 

Et toujours le même rite. L'interprète demande : « Avez-vous une dernière déclaration à faire ?»

« Non » répond le théoricien du parti nazi.

 

 

Il ne jeta pas un regard sur le prêtre qui priait à ses côtés. Frank a une grimace, que l'on pourrait prendre pour un sourire sarcastique, et qui n'est que la contraction des muscles qui se rebellent devant la mort. Une voix, que l’on entend à peine, prononce ces mots :

« Je vous remercie pour vos bons soins pendant ma captivité et je prie Dieu de me prendre sous sa sainte garde. » Puis il murmure une prière avec le prêtre.

 

 

Et le défilé continue

 

 

Vêtu d'un veston à carreaux et de son pantalon brun que nous avons vu sur lui durant tout le procès, Frick s'écrie en gravissant les marches, d'une voix retentissante : « Que vive l'éternelle Allemagne ! »

 

 

Streicher refuse de dire son nom

 

 

Streicher eut la fin qu'il méritait. Dès son entrée, il proféra des phrases sans suite, d'une voix qui alla crescendo : « Heil Hitler ! »

L'officier lui demanda de décliner son nom : « Vous le savez » cria-t-il. A la troisième demande : «Bon, dit-il. Julius Streicher. Et maintenant je vais à Dieu. C’est le pourim, la fête juive. 1946 ! Maintenant à Dieu... Les Bolcheviks vous pendront aussi un jour... ».

 

 

Ce n'est que lorsqu'il sentit la cagoule sur sa tête qu'il eut un cri humain : « Adèle, ma Chère femme».

 

 

Mais il était dit qu'il aurait une fin atrocement ignominieuse. On ne sait pour quelle raison, peut-être sa langue se coinça-t-elle entre ses dents, mais on entendit encore, une minute après que la corde se fût raidie, un râle étouffé, le cri de mort d’une bête prise au piège.

 

 

Après cette dure épreuve de nos nerfs, nous craignions l'entrée de Saukel. Ce petit homme chauve, qui fut le négrier de l'Europe, est mort discrètement : « Je meurs innocent, le verdict est injuste. Que Dieu protège l'Allemagne et ma famille.»

 

 

Je te salue, mon Allemagne...

 

 

Jodl, dans son uniforme de général, sans décorations, mais gansé de rouge, s'écria simplement : « Je te salue, mon Allemagne ».

 

 

Le dernier condamné à mort, Seiss-Inquart, fait, en boitillant, les six pas qui le séparent des marches. Il décline son nom d'un ton de professeur épelant un mot difficile. Et c'est encore un tardif appel à l'union et à la paix : « J'espère que ces exécutions seront le dernier acte de la tragédie de la deuxième guerre mondiale. L'enseignement de cette guerre est que la paix et la compréhension doivent régner entre les nations. Je crois en l'Allemagne. »

 

 

Pour la dernière fois, nous entendîmes le bruit de la trappe qui s'ouvrait. Il était alors 2h 46. Les dix exécutions ont duré exactement 1h 35. Les minutes passaient et personne ne donnait le signal du départ.

 

 

Gœring fait son entrée, raide sur une civière...

 

 

La porte s'ouvrit enfin, et, porté sur une civière, le corps de Goering fut déposé entre les deux potences pour identification. Nous revîmes pour la dernière fois le visage de celui qui fut un ambitieux sans scrupules, un politicien retors et l'une des figures les plus typiques de l'esprit nazi.

 

 

Ces traits durcis, ce n'était plus le visage alourdi du hobereau qui nous étonnait par sa faconde durant le procès. C'était un visage grave, le visage d'un mort.

 

 

Peut-être certains regretteront-ils que la mort de ces criminels nazis fut, plutôt qu'un supplice, une sorte d'opération chirurgicale empreinte de gravité...

 

 

Mais non, je suis convaincu que le monde respirera plus librement en apprenant qu'il s'est accompli ce matin 16 octobre, à Nuremberg, non pas un geste de vengeance, mais un acte de justice.

 

 

Les cadavres ont été incinérés

 

 

Un communiqué a fait savoir que les cadavres des dix suppliciés et celui de Gœring ont été incinérés et leurs cendres dispersées dans un lieu tenu secret. Quant aux cordes ayant servi à l'exécution et que certains collectionneurs s'étaient proposé d'acheter pour des sommes fabuleuses, elles ont été brûlées.

 

 

Sacha SIMON.

 

Almanach 1947, l'Est Républicain

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2 mai 2015 6 02 /05 /mai /2015 11:47
Nuremberg 3 : la dernière nuit des condamnés


MARDI soir, à 20 heures, nous étions convoqués par le colonel Andruss, chef du Service de sécurité du Palais de Justice. Nous, c'est-à-dire les huit journalistes accrédités pour assister â l'exécution : Gingell, de « L'Exchange Telegraph »; Panton, du « Daily Express »; Klingebury Smith, de « L'International New Service », Arthur Gaeth, du « Broadcasting Service »; Termin, de la « Pravda »; Afanasiev, de 1 « Agence Tass », Deroche, de l'« Agence France-Presse », et Sacha Simon, de « L’Est Républicain ». Nous ne devions quitter la prison que le lendemain, à 6 heures du matin, après l'exécution des chefs nazis (16 octobre 1946).

 

 

En attendant l'heure fixée, on nous fit visiter la prison.

 

 

Nous avons vu la salle dans laquelle les avocats rencontraient, tous les soirs, leurs clients. Curieuse installation qui rappelle un bureau de poste par ses guichets encastrés dans les isoloirs ou encore la véranda d'une maison de campagne par les grillages se détachant sur le fond vert des parois de séparation.

 

 

Par un long couloir longeant la façade intérieure du palais, on nous mena dans l'aile qui abrite encore, à l'heure où nous l'avons visitée, les condamnés à mort.

 

 

Deux portes de fer à franchir, quelques marches à monter, un papier à remettre et nous voici dans ce couloir où des journalistes pénètrent pour la première fois. Nous voici à quelques centimètres de l'intimité des grands criminels nazis. C'est leur dernière nuit, leurs dernières heures et ils ne s'en doutent pas encore.

 

 

De chaque côté de l'immense couloir qui, avec ses étages grillagés, rappelle l'intérieur des prisons américaines, des M P. figés devant une lucarne. Un peu plus bas, un œil-de-bœuf dans lequel est encastré un projecteur. Nuit et jour, le moindre geste des accusés était surveillé, guetté.

 

 

La première lucarne me livre la silhouette basse de Saukel rôdant dans la cellule nue. Il a une chemise brune, un pantalon étroit qui lui serre les mollets. Il tourne, il tourne inlassablement entre les quatre murs. Dans la cellule voisine, Frank, assis sur le lit fume un cigare. Frick, Kaltenbrunncr à côté, lisent. Keitel, d’un geste qui doit lui être familier, arrange les plis de la couverture de son lit. Où est-elle l'image du vainqueur arrogant ? Ce n'est plus qu'un vieillard amer qui, les bretelles pendantes, s'apprête à dormir pour la dernière fois.

 

 

Deux personnes occupaient la cellule voisine : Ribbentrop, à genoux au pied de son lit, priait, ayant à ses côtés le « chaplain » de la prison. II leva les yeux. Un regard vide, mort, ce regard d'un être moralement et physiquement vidé.

 

 

Seiss Inquart se brossait les dents, le dos voûté, gris et terne. Sur une table couverte de feuilles de papier, Jodl écrivait sans lever la tête. Il était 21 h 30. Rosenberg, Streicher et Gœring dormaient. Je n'ai vu d'eux que des corps étendus, déjà des cadavres.

 

 

Les soldats chargés de surveiller les condamnés avec une attention de tous les instants font deux heures de service et se reposent quatre heures, cela pendant vingt-quatre heures Puis ils se reposent vingt-quatre heures.

 

 

La boite en carton de Von Neurath et la valise en parchemin de Gœring

 

De là, on nous conduit dans les différents services de la prison, à l'infirmerie, à la bibliothèque où un registre soigneusement tenu permettra aux historiens de connaître les goûts littéraires des chefs nazis. A la cuisine, nous avons pu voir que le menu, pour sobre qu'il soit, est pourtant composé d’aliments appétissants et bien préparés.

 

 

Pour leur dernier repas, les condamnés ont eu de la salade de pommes de terre, de la saucisse, du pain et du thé. Au début, ils avaient la ration des prisonniers de guerre. On s'est aperçu qu'ils maigrissaient et on les a mis au régime des travailleurs de force. Ce n'est pas par égard pour leurs intéressantes personnes, a précisé le colonel Andruss, mais pour éviter qu'ils ne tombent malades avant la fin du procès. On avait trop besoin d'eux aux audiences.

 

 

Dans deux cellules dont la paroi de séparation a été abattue, on a aménagé une chapelle qui servait à tour de rôle pour des offices catholiques et protestants. Seul Rosenberg n'y assistait pas.

 

 

Nous avons fait connaissance du docteur allemand Flueker qui, avec la maitrise que lui donnent quarante ans de pratique, soignait les accusés ; nous avons vu les « prisonniers modèles allemands qui ont été transférés de la prison de Mondorf-les-Bains à celle de Nurernberg où ils occupent les postes de cuisiniers, bibliothécaires et magasiniers

 

 

On nous a montré enfin les bagages des condamnés, des valises de toutes les tailles, de tous les tons, les valises insolentes en parchemin blanc de Gœring, le bagage pauvre de von Neurath arrêté avec un carton de colis américain à la main, les deux valises noires de Ribbentrop, derniers vestiges d'un passé mort.

 

 

L'invraisemblable suicide de Gœring

 

 

Il est minuit. « Messieurs, j'ai le regret de vous apprendre que Gœring vient de se suicider dans sa cellule. »

 

 

Telle fut l'incroyable nouvelle que nous annonça, d'une voix blanche, à minuit précis, le colonel Andruss, chef du service de sécurité du palais.

 

 

Nous venions de visiter l'intérieur de la prison. Nous avions vu, à 22 heures, le chef de la Luftwaffe dormant - ou faisant semblant de dormir - sur son lit de camp. Nous sortions du hangar transformé en salle d'exécutions capitales. La nouvelle nous bouleversa comme elle bouleversa le monde entier. Ainsi, par une fatalité insistante, cinq des principaux chefs nazis : Hitler, Himmler, Gœbbels, Gœring et Bormann, présumé en fuite, échappent, sinon à la mort; du moins au châtiment infamant.

 

 

Ainsi, pour la deuxième fois dans cette prison de Nuremberg, dont nous venions justement d'admirer l'impeccable organisation, deux prisonniers, à un an d'intervalle, se donnent la mort.

 

 

Ley s'est pendu dans sa cellule un mois avant le début du procès. Aujourd'hui, c'est Gœring qui, un mois après la dernière audience, absorbe du cyanure de potassium.

 

 

C'est à 23 h. 45 que la sentinelle chargée de le surveiller a entendu des râles. Elle prévint immédiatement l'officier de garde, qui lui-même fit appel au docteur et à l'aumônier. Tous deux arrivèrent trop tard : Gœring venait de rendre 1e dernier soupir.

 

 

On a trouvé, au pied du lit, une douille métallique de quelques centimètres de long qui contenait l'ampoule de poison foudroyant. L'autopsie du corps, faite immédiatement, ne permit que de constater le décès et amena la découverte de quelques éclats de verre dans la bouche de Gœring. Il avait laissé sur la table une enveloppe contenant trois lettres dont une pour le chef du service de sécurité.

 

 

Le colonel Andruss nous déclara qu’il ne comprenait pas comment le poison a pu se trouver entre les mains de Goering. Pourtant, il a rappelé que, lors de la détention de celui-ci à Mondorf-les-Bains, on avait déjà découvert du cyanure que Gœring essayait de dissimuler dans une boîte de café en poudre.

 

 

Sacha SIMON.

 

Almanach 1947, L’Est Républicain

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2 mai 2015 6 02 /05 /mai /2015 10:50
Nuremberg 2 : les monstres nazis devant leurs juges

 

Par Sacha Simon, envoyé spécial de « L'Est Républicain » à Nuremberg et un des très rares témoins de l'exécution de Gœring et Cie.

 

Mon premier rendez-vous avec Gœring et 20 de ses amis date de près d’un an. On est toujours curieux de connaître des gens dont on a beaucoup entendu parler. J'étais impatient de voir la tête de ces seigneurs de la guerre et du crime.

 

Dix mois après ils étaient devenus pour nous des silhouettes familières comme celles du laitier, du facteur ou de l’employé méticuleux que l'on croise tous matins au coin de la rue. Pendant dix mois tous les journaux ont décrit les réactions des accusés ; le moindre de leurs gestes a été passé au crible, analysé, commenté.

 

Mais il y a un autre aspect des accusés, un aspect psychologique auquel il n’était pas question de nous arrêter tant qu’ils synthétisaient en quelque sorte les quelque sorte les crimes nazis.

 

Il en va tout autrement aujourd’hui. Ceux dont je vais parler ont payé. Nous pouvons désormais, puissant dans nos souvenirs visuels et sensoriels esquisser des silhouettes - si j'osais, j'écrirais : humaines - des accusés.

 

HERMANN GOERING

 

Le personnage le plus intéressant celui qui avait le plus d'envergure, était sans conteste Gœring.

 

Jusqu'aux dernières audiences du procès, il joua le grand jeu, prenant visiblement, par gestes ou hochements de têtes toutes ses responsabilités, s'étalant comme une vedette de cinéma dans le box des accusés, lorgnant le public avec condescendance : il était, n'ayant pas peur des mots, l'accusé le moins antipathique de la bande et il fallait faire un effort pour le restituer à sa juste place : celle du créateur des camps de concentration.

 

On sait qu'il était morphinomane. Je suppose qu'il lui a fallu une volonté peu commune pour résister à la fois et à la dure épreuve que fut ce long procès et à celle non moins dure de privation de stupéfiant. Pourtant dans les dernières semaines il « accusa le coup » : sombre, il n'avait plus un geste, plus une réaction et ce jusqu'à ses derniers instants.

 

On a dit qu'il a été très affecté de ne pas pouvoir embrasser sa femme : les épouses des condamnés ont été autorisées à les voir avant le verdict mais les entrevues avaient lieu devant un guichet grillagé. Il pleura en voyant son enfant, une ravissante fillette aux cheveux blonds et aux yeux bleus. J'ai parlé avec quelqu'un qui travaillait à la censure des lettres des accusés. Celles de Gœring étaient remplies de recommandations : « couvre bien la petite si tu vas te promener, les soirées sont si fraîches en septembre… ». Une phrase de la réponse de Mme Gœring (quel terrible nom à porter !) me frappa par son élévation de pensée : « je sais qu'une fois encore nous nous reverrons pour quelques instants. II ne faudra alors penser ni au temps passé, ni à l'avenir : rien qu'aux secondes qui s’écouleront ! Il faudra faire abstraction de tout ce qui n'est pas nous. Ce n'est qu'à ce prix que nous surmonterons le désespoir. »

 

Le quart d'heure durant lequel Gœring put présenter sa défense était attendu avec une curiosité passionnée, ce matin du 30 août. L'accusé revendiqua ses responsabilités - sauf dans les crimes des camps de concentration qui furent pour lui comme pour ses co-accusés « une révélation » au cours de procès.

 

Le 1er octobre il entendit sa condamnation à mort avec sérénité.

 

 

Nuremberg 2 : les monstres nazis devant leurs juges

HESS

 

Agé de 47 ans Rudolph Hess a été condamné à l'internement jusqu'à la fin de ses jours. Verdict visiblement motivé par son état mental. Une partie de l'opinion publique croit qu’il a simulé la folie par calcul. Il suffisait de voir quelques minutes son visage blafard, ses yeux fixes, ses gestes saccadés, l'indifférence véritablement prenante qu’il manifesta tout au long du procès ( à l’instant de la lecture de sa condamnation il refusa les écouteurs d'un geste dédaigneux et sembla fort intéressé par les premiers rangs du public) il suffisait, dis-je, de l'avoir observé comme je l'ai fait pour se persuadé qu'il était pour le moins « dérangé » comme disent les bonnes gens de chez nous.

 

Dans sa déclaration il parla longuement et avec une certaine exaltation d'un « moyen secret que les Russes appliquaient aux accusés de leurs procès politiques ».

« J'ai compris pourquoi, déclara-t-il, mes gardiens, en Ecosse, avaient les yeux vitreux. Je voulus en avoir le cœur net, j'allai poser la question au docteur qui me soignait quand, le regardant, je vis qu'il avait le même regard vide. Tout me fût clair et limpide dès ce moment.

« Je suis profondément croyant, Monsieur le Président. Aussi c'est sur la croix que je jure de dire la vérité dans les révélations sensationnelles que j'ai à faire.

Malheureusement, il avait déjà parlé plus de vingt minutes. Le président Lawrence lui ordonna de s'asseoir. C'est ce qu'il fit non sans avoir auparavant insulté ceux « qui renient un idéal qu'ils ont aveuglément servi ».

 

 

 

Nuremberg 2 : les monstres nazis devant leurs juges

KEITEL

 

Le feld-maréchal prussien me fut, dès les premiers instants, terriblement antipathique.

 

En dehors de sa terrible responsabilité dans les atrocités commises dans les pays occupés de l'Est, c'est par son regard hargneux, par sa mâchoire serrée que Keitel me déplut. Son audition comme témoin à la barre me révolta : il se couvrait, tout en reconnaissant les horribles conséquences des papiers qu'il signait, derrière l'ordre reçu de son Führer. « Tout comme vous obéiriez dans le même cas au généralissime Staline »; aboya-t-il au procureur russe Rudenko qui le talonnait.

 

Aussi est-ce avec surprise que nous le vîmes le dernier jour des audiences faire un mea-culpa pathétique. Il était blanc comme de la craie, les mots sortaient un à un comme s'il faisait un effort surhumain pour les prononcer.


— Je vois aujourd’hui toute l'étendue de ma responsabilité. S'il fallait recommencer je préférerai me déshonorer comme soldat en désobéissant plutôt que de revivre les remords qui me rongent. J'accepte avec sérénité la peine de mort, juste punition de mes crimes.


RIBBENTROP

 

Agé de 53 ans, le ministre des Affaires étrangères du Reich a vieilli de dix ans au cours de ces dix mois. Amer et désabusé, il a peu montré des sentiments qui ont pu l'agiter au cours des débats.

 

Pendant son quart d'heure de défense il n'a rien renié. Avec une certaine ironie hautaine, il souhaita que la politique anglo-américaine réussit là où il a échoué, dans la lutte contre le pan-slavisme.

 

 

Nuremberg 2 : les monstres nazis devant leurs juges

KALTENBRUNNER

 

43 ans, le bras droit de Himmler, était un personnage de petite envergure : un exécutant brutal et inintelligent. Son seul souci au cours du procès fut de s'efforcer de prouver qu'il n'avait jamais visité un camp de concentration, qu'il n'en connaissait qu'à peine l'existence : il était chef de la cinquième section et c'est la quatrième section, deuxième porte à gauche dans le couloir, qui s'en occupait.

Cette défense puérile n'eut aucun effet sur les juges qui le condamnèrent à la peine de mort. Dès ce jour son attitude changea : il parut se désintéresser de tout et entre autre de son propre sort.

 

ROSENBERG

 

Né en 1893 dans les pays baltiques, le théoricien du parti parle aussi couramment le russe que l'allemand. Il fut entre autres ministre du Reich pour les territoires occupés de l'Est. Terrible responsabilité qui a entraîné une condamnation à mort quasi automatique.

Sa défense fut faible : il se défendit d'avoir provoqué les atrocités et affirma que l'idéal W.S. tel qu'il l'avait précisé dans ses livres a été déformé par des jouisseurs du régime. L'acte d'accusation reconnaît qu'il a parfois élevé la voix pour protester contre les crimes qui se commettaient en Pologne et en Russie. Protestations platoniques qui n'atténuent guère ses responsabilités de grand manitou nazi.

 

Nuremberg 2 : les monstres nazis devant leurs juges

FRANK


Il y a 25 ans un petit avocat besogneux de Munich était chargé de défendre un assez trouble personnage dont l'activité d'agitateur inquiétait le gouvernement.

 

Tous deux avaient fait du chemin depuis : le client c'était Hitler, l'avocat, Hans Frank, premier juriste du. Parti nazi et nommé en 1939 gouverneur général de la Pologne.

 

Toutes les mesures inhumaines appliquées aux Polonais, il les prenait de sang-froid et sans pitié. Aussi fut-on tout surpris d'apprendre que dans un document comportant 40 pages dactylographiées l'accusé avait signalé à Hitler en 1942 la situation catastrophique des Polonais et demandé un adoucissement des mesures prises. Enigme psychologique que le procès n'a pas résolu, Frank sembla très affecté lors de la projection du film sur les horreurs nazies. Il fit un spectaculaire mea-culpa, dénonçant au peuple allemand les dangers d'une survivance du néfaste mythe nazi.

 

Il accueillit sa condamnation à mort avec un calme parfait.

 

 

Nuremberg 2 : les monstres nazis devant leurs jugesNuremberg 2 : les monstres nazis devant leurs juges

FRICK ; SAUCKEL; JOLD ; STREICHER

 

De Frick il ne me reste que le souvenir d'un visage taillé à coups de hache et d'un regard lourd et brutal. Habillé d'un complet à carreau, l'ex-directeur de l'office central des pays occupés n'eut, au cours du procès, que des réflexes de bête acculée qui montre ses crocs.

Les autres condamnés à mort, Jodl, Seiss-Inquart, Saukel ont été des personnages de peu d'envergure, des « utilités » que Hitler sut utiliser pour ses desseins criminels.

Le plus répugnant de tous était sans conteste Streicher. Il portait sur son visage la marque de tant d'ignominie que c'en était gênant : il n'avait, lui plus rien d'humain, même plus l'aspect.

 

 

Almanach 1947, L’Est Républicain

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2 mai 2015 6 02 /05 /mai /2015 10:25

Quelques articles sur le procès de Nuremberg vont suivre, du jugement des monstres nazis à leur exécution.

 

Pourquoi ?

 

L'intérêt de ces articles résulte du fait qu'ils proviennent d'un almanach de 1947 de l'Est Républicain. Ils ont été écrits par un des huit journalistes agréés à suivre le procès, Sacha Simon, envoyé spécial de l'Est Républicain, et un des rares témoins des exécutions.

 

Je suis d'autre part sensibilisé  depuis longtemps sur le sujet de la déportation.

 

Pagny a eu aussi deux de ses habitants déportés. Leurs noms doivent être gravés sur le Monument aux Morts.

 

Les évènements récents montrent que le nazisme (ou les méthodes utilisées) reste sous-jacent dans une partie notre société : croix gammée et autres détails. Les nazis aussi étaient des gens ordinaires qui ont basculé dans la barbarie.

"Le ventre de la bête est encore fécond, d'où a surgi la bête immonde" a écrit Bertold Brecht.

 

_____________________

 

Il était 10 heures du matin, le mardi 20 novembre 1945. 



Les huit magistrats, revêtus de la robe noire particulière aux tribunaux de l’Occident ou en uniformes marron à épaulettes plates de l’Armée Rouge, venaient de gagner leurs sièges.

 

Trois minutes s’écoulèrent. Et, sur la gauche du tribunal, une porte s’ouvrit.


La salle se figea et tous les souffles se suspendirent. Le pas lourd des accusés se mit à retentir dans l’extraordinaire et absolu silence que rompait, seul, le ronflement des appareils cinématographiques et de climatisation.

 

La plupart de ceux qui se trouvaient présents dans la salle de Justice de Nuremberg ne les avaient jamais encore approchés ; instantanément, les vingt accusés furent scrutés, épiés, inspectés.

 

Ils se nommaient :

 

- Gœring, numéro deux du régime.
- Keitel, chef du commandement suprême des armées.
- Jodl, l’âme damnée d’Hitler au Q.G. du Haut Commandement de la Wehrmacht,
- Ribbentrop, ministre des affaires étrangères.
- Les amiraux Raeder et Doenitz.
- Seyss-Inquart, commissaire du reich pour les Pays-Bas.
- Streicher, directeur de presse, propagandiste antisémite.
- Frank, gouverneur général de la pologne occupée.
- Sauckel, commissaire général à la main-d'oeuvre.
- Baldur von Schirach, chef de la jeunesse hitlétienne.
- Les diplomates de second rang von Papen et von Neurath, l’ancien ministre de l’Intérieur

- Frick, « protecteur » de Bohême-Moravie, les économistes Schacht et Funk.
- Rosenberg, idéologue du parti nazi.
- Speer, ministre de l'armement.
- Fritzsche, en charge de la propagande, ancien adjoint de Gœbbels,
- Rudolf Hess, adjoint de Hitler jusqu'en 1941.

 

Le vingt et unième était resté dans sa cellule à la suite d’une hémorragie cérébrale. C’était Kaltenbrunner, l’ancien chef de la Police de Sûreté du Reich, successeur de Heydrich et adjoint d’Himmler à la Gestapo.

_____________________

 

Le 1er octobre 1946, à quatorze heures cinquante, la cour entame sa quatre cent septième et dernière audience.

 

Douze condamnés à mort: Goering, Ribbentrop, Keitel, Kaltenbrunner, Rosenberg, Frick, Frank, Streicher, Sauckel, Jodl, Seyss-Inquart et, par contumace, Martin Bormann.


Hess, Funk et Raeder condamnés à la détention perpétuelle, Schirach et Speer à vingt ans, Neurath à quinze, Doenitz à dix.


Schacht, von Papen, Fritzsche sont acquittés.

 

_____________________

 

L’exécution par pendaison a lieu la nuit du 16 octobre 1946, entre 1h 10 et 2h 46, en présence de quatre généraux du Conseil de contrôle pour l’Allemagne, des représentants de la presse (deux par zone d’occupation), de médecins chargés de confirmer le décès, et de prêtres.

C’est à minuit moins vingt que les gardiens découvrent que Göring s’est suicidé au cyanure.

 

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7 octobre 2014 2 07 /10 /octobre /2014 18:18

Voici un extrait découvert au dos d'une carte postale du début du 20ème siècle avec un point de vue sur notre village:

 

Dombasle et Saint Nicolas pour visiter un moteur 40 C.V. Retour à Nancy à 8h du soir. Je visite la ville au clair des becs de gaz électriques. Je découvre la place Stanislas vraiment digne d’admiration avec son enceinte de palais et ses grilles dorées. Et le lendemain matin mardi je visite 2 belles églises en attendant 7 h heure de mon train pour Vi( ?) où j’arrive à 9h. Jusqu’à 17h rien de nouveau mais coup de téléphone : urgence à Pagny sur Meuse où je suis actuellement. J’en ai pour 1 ½ ou 2 jours sur un bateau « Ours » à Poliet et Chausson. Pagny c’est chic. C’est un espèce de petit patelin où il n’y a rien. Rien que quelques maisons autour de leur clocher à 2 km de la gare et où les gens dorment à 6H ½ du soir. Comme il n’y a que 2hotels et près de la gare encore (dont l’un est le buffet où je couche, l’autre étant complet). Je n’ai guère vu le pays que ce soir en quittant mon bateau le long du canal. Oh ! au moins dans ce pays on n’est guère importuné par les fumées et sifflets d’usines etc…. rien que des champs et des peupliers.

 

 

Bateau « ours » : Barge construite en ciment.

Commande du Gouvernement français (Marine Marchande). Construit en 1921.

Union Française Maritime, Convention du 26 juin 1922. Exporté en 1924.

A la fin de la 1ère guerre mondiale, la pénurie de matériaux stimule la construction de coques de bateaux en béton armé en substitut aux coques en acier dans de nombreux pays.

 

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5 mai 2013 7 05 /05 /mai /2013 08:44

Si vous êtes nés entre 1935 et 1960, le diaporama joint ravivera quelques souvenirs. Pour les autres, ils mesureront l'évolution de la société.

 

Faut-il regretter cette époque ? Oui et non. Non pour l'inconfort. Oui pour l'état d'esprit. Mais le monde se construit avec son temps sans pour autant méconnaitre les décennies qui précèdent. Parfois une comparaison avec le passé peut vous dire quelle chance vous avez de vivre aujourd'hui mais aussi de voir les dérives du monde actuel.

Les images en noir et blancs ont une autre saveur. La vie entre 1935 et 1960.

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17 mars 2013 7 17 /03 /mars /2013 19:31

La photo des classes date de 1936. L'école se trouvait là où nous avons aujourd'hui la Maison des associations.

pagny-1936-ecole.jpg

Deux classes où les effectifs dépassaient la trentaine d'enfants, largement au-dessus des effectifs moyens des classes actuelles.

 

Je n'ai pas eu l'occasion de rechercher qui étaient l'institutrice et l'instituteur de l'époque. Les enfants de la photo doivent avoir à ce jour plus de quatre-vingts ans. Si quelqu'un les reconnait, qu'on me le fasse savoir.

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5 mai 2012 6 05 /05 /mai /2012 13:54

Délibération du 7 décembre 1930

  Monsieur le Président expose au Conseil que la Chapelle de Massey qui se trouve à 4 km de Pagny sur Meuse et à même distance de Saint-Germain, depuis sa restauration, est l’objet de nombreuses visites de personnes qui viennent implorer les bénédictions de la Vierge.

Ces visites seraient bien plus nombreuses, si les trains de la ligne de Neufchateau à Pagny sur Meuse qui passent à 50 m du sanctuaire, marquaient un court arrêt au PN qui se trouve au pied du chemin accédant à la chapelle.

Cet arrêt permettrait aux enfants du garde-barrière et du gardien de la chapelle de fréquenter l’école de la gare de Pagny sur Meuse qui se trouve à 250 m de la station, tandis qu’ils ne peuvent venir en classe que lorsqu’ils sont capables de franchir à pied les 4 kilomètres qui les séparent du village.

Le Conseil partage la proposition de son président qui est fondée et sollicite de la haute bienveillance de Monsieur le Directeur de la Compagnie de l'Est, un arrêt facultatif au PN de Massey.

 

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5 mai 2012 6 05 /05 /mai /2012 09:25

Le monument élevé à la mémoire de Jeanne d’Arc rappellait, cinq siècles plus tard, que Jeanne d’Arc serait venue prier à la chapelle de Massey en février 1429. La délibération ci-dessous  du 7 décembre 1930 rappelle l’évènement et la volonté de se souvenir.

  

P1040340Monsieur le Président expose

 

Que le Comité de Restauration de la chapelle de Massey a, avec des dons et subventions de la commune de Pagny sur Meuse et des communes environnantes, élevé un monument à la mémoire de Jeanne d’Arc sur un terrain joignant le domaine de Massey et appartenant à M. Claudin Camille, cultivateur, demeurant à Saint Germain.

 

Que pour assurer plus de sécurité à la conservation de ce monument, il serait nécessaire que le Bureau de Bienfaisance de Pagny sur Meuse devienne propriétaire du terrain sur lequel il est édifié et que ce terrain soit incorporé au domaine de Massey qui est lui-même la propriété du Bureau de Bienfaisance par décret présidentiel du 9 décembre 1909.

 

Que c’est dans ces conditions et pour ce seul but que M. Claudin consent à vendre au Bureau de Bienfaisance le terrain dont il s’agit : soit

 

Un petit terrain friche en forme de trapèze contenant environ deux ares entre le chemin de la chapelle de Massey du côté de Saint-Germain, le chemin allant au bois du côté de Pagny, le Domaine de Massey en haut et Fernand Olry en bas, l’extrémité de sa terre ; il forme la partie à droite d’une terre coupée par le chemin du bois, lequel sépare la parcelle vendue de celle restant appartenir au vendeur : lieu-dit « Sous Massey » Section D n° 1792 P pour le prix de cinq francs.

 

 Le clin d'oeil du maire

 

P1040336bisQuel cours l’Histoire aurait-elle pris si Jeanne d’Arc n’était pas venue à Massey implorer la Vierge de l’inspirer et la conseiller sur la suite de sa mission ? En définitive, c’est tout de même grâce à la Vierge de Massey que Jeanne a été confortée dans son grand projet et s’est lancée dans le grand périple qu’on lui connait, une reconnaissance puisqu’il y eu une rue Notre Dame de Massey à Vaucouleurs.

 

    Par conséquent, c’est à Pagny sur Meuse que devrait revenir la gloire d’avoir donné une héroïne à la France. Domrémy est certes le village de naissance de Jeanne, Vaucouleurs, le point de départ de son périple pour bouter l’anglais hors de France, et notre village avec sa chapelle de Massey en est le grand inspirateur et l’élément déclencheur. Quelle injustice, quelle ingratitude que cet anonymat, mais les voies ou les voix du Seigneur sont hélas impénétrables.

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